SYLVIAN MESCHIA, au GRAND PRESBYTÈRE

La ville de Martres-Tolosane, terre d’art et d’histoire, rend hommage à Sylvian Meschia lui offrant le magnifique écrin de l’ancien Presbytère, chargé de spiritualité où l’artiste déploie ses céramiques et peintures dans les deux salles lumineuses s’ouvrant sur l’église Saint-Vidian. Il y poursuit son dialogue entre les dieux et les hommes engagé depuis déjà plusieurs années. Sa création pleine de fantaisie fait aussi revivre l’ancien jardin de curé, muet et abandonné, rempli de souvenirs d’enfance. Elle le réveille, dérange son silence, pour le rendre accueillant et surprenant, tout en conservant son pouvoir d’évasion et de méditation…

À peine la porte du Grand Presbytère franchie, Sylvian Meschia nous transporte dans son univers. La première escale de ce voyage nous amène dans la salle dédiée aux « Ecritures ». C’est l’austérité et la sobriété de l’ensemble qui nous attire. D’impressionnantes boîtes noires retiennent toute notre attention. Son costume de calligraphe endossé, l’artiste nous promène entre Asie et Berbérie grâce à cet alphabet imaginaire gravé de main de maître sur chaque pièce. Notre œil avertit se dirige ensuite vers de plus petites boîtes. Uniques, leur forme nous captive. La magie de leur décor nous envoute. L’idée de passer des heures entières à en admirer chaque détail ne nous effraie pas. Bien au contraire, la superposition des écritures, des couleurs, des gravures intrigue, éveille notre curiosité.
Pour parfaire ce décor, l’artiste nous offre une collection d’encres murales. Amoureux du mélange des matières, il parvient même à les faire fusionner pour notre plus grand plaisir. La curiosité nous pousse à les regarder de plus près. Bandes de couleurs, signes énigmatiques et écritures superposées habillent habilement de façon unique et surprenante les murs de cet espace « offert à l’éternité ».

Maintenant, l’escalier nous attire. L’envie de continuer à découvrir l’univers dans lequel nous sommes plongés depuis quelques minutes nous envahie.
L’escalier tout juste emprunté, nous voilà repartis vers de lointaines contrées. Cette fois-ci c’est un vase bleu qui invite à l’admiration. Sa forme, sa couleur, son ornement ; cet ensemble harmonieux nous ravit. Cette pièce maitresse fait face à la porte de l’église. Ici aussi une porte s’ouvre ; nous voilà emportés par la série « Molécules » au pays des mille et une nuits. Le bleu céleste laisse ensuite la place aux pièces ocres. Le travail de mélange et de superposition des couleurs nous émerveille et nous fascine. Chaque mouvement ornant les pièces est unique, chaque mouvement est « une pulsation universelle », chaque mouvement est un geste précis qui donne la vie et par lequel l’artiste se délivre. Émerveillés, nous continuons à admirer l’œuvre d’un Sylvian Meschia qui n’a pas fini de nous surprendre…

Nous empruntons la porte imaginaire symbolisée par des colombages pour continuer à admirer. Le Jaspé. La gestuelle de l’artiste est ici mise en valeur. Imiter par la peinture le mouvement naturel du minéral ; le résultat est impressionnant. Derrières les teintes sombres dominantes se cachent du bleu ou encore du rose. Autant de détails qui font de ses assiettes, coupelles, bols et vases des pièces uniques, touchées par la grâce.

Derrière nous des fenêtres donnent sur un jardin. Une nouvelle surprise nous y attend ; l’artiste est jardinier. Une fois de plus, la magie des mélanges opère à merveille. La céramique se fond dans le paysage verdoyant. L’orangerie se transforme en cabane du jardinier avec ses poteries cassées, son vieux vélo rouillé et sa fenêtre au carreau manquant. L’artiste lâche prise et laisse sa seule imagination maîtresse des lieux. Des massifs de bâton de pluie et des tonneaux recouverts d’écritures cohabitent avec des masques « gargouillesques » incarnant l’esprit de la nature. Enfin, c’est installés dans le Grand jardin du Presbytère, avec une magnifique vue sur le clocher, que nous pouvons nous poser, prendre du recul sur l’immensité de l’œuvre découverte ou redécouverte et méditer.

Merci à Sylvian MESCHIA pour ce bel instant rempli de symboles, d’inspiration, de méditation, de poésie. Merci pour cette ouverture au monde, pour ce voyage spirituel, pour cette créativité, pour ces clins d’œil.

C. S.

À propos de l'exposition

L’univers poétique de Sylvian Meschia est ludique et grave à la fois. Il nous convie au voyage dans un espace-temps qui embrasse le local et l’universel, le proche et le lointain, le matériel et l’immatériel dans un geste généreux, où l’interpénétration est totale entre le monde naturel, celui des hommes de toutes les époques et son propre élan créatif. Il cultive son œuvre comme il cultive son jardin, avec impatience et gourmandise, en y intégrant les motifs de ses céramiques et de ses travaux calligraphiques, picturaux et photographiques. Il réinvestit ainsi le principe du palimpseste, crée des associations insolites, surprend notre regard, donne à méditer… Il en résulte une alchimie savante d’images et d’objets qui nous parle d’hier et d’aujourd’hui, d’ici et d’ailleurs.
L’homme, l’artiste, l’œuvre forment un tout, dans une quête spirituelle qu’il nous invite à partager comme on partagerait le pain, le vin, ou les conserves de son jardin. Autant de créations qui nous émeuvent et nous interrogent sur notre place dans le monde.

Oeuvres de Sylvain Meschia, Salle d’exposition Martres Tolosane.

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