Rétrospective
2 juin 2018 - 18 janvier 2018

COUPS DE CŒUR, COUPS DE GUEULE

Une sélection d’environ 90 œuvres de 46 artistes ainsi qu’une installation constituée de 40 ex-voto du Brésil sont exposées sur les deux étages du Grand Presbytère. Le parcours de l’exposition Coups de Cœur, Coups de Gueules évoque différents temps de la collection et de la vie de Cérès Franco. La sélection proposée met à l’honneur une grande partie des sculptures en terre cuite et des céramiques de la collection Cérès Franco qui dialoguent avec un florilège de peintures et d’œuvres sur papier. En hommage à la tradition locale de la faïence, le fil conducteur est la terre.

Déesse de la Moisson
La présentation des œuvres se déroule selon un double registre : l’enthousiasme et la vitalité d’une part ; la dureté et l’amertume de l’existence de l’autre. Car Cérès aime la terre : c’est la déesse de la moisson, qui livre aux hommes ses fruits. Mais la terre évoque aussi la Terra Mater qui depuis la civilisation romaine, est lieu de sépulture.

Art et sentiments
Au fil de l’exposition plusieurs histoires se croisent. Œuvres d’artistes autodidactes, singuliers, naïfs ou de la nouvelle figuration s’entremêlent en évoquant les émotions universelles : la peur, la colère, le dégoût, la tristesse, la joie, la surprise…

L’exposition sera enrichie par la projection du documentaire Cérès, parcours d’une femme atypique (SENSO FILMS) réalisé par Clémence Hardouin en 2014.

Texte de Cécilia MATTEUCCI – Commissaire de l’exposition

 

À propos de l'exposition

CERES FRANCO
Une Vie, Une Collection

On a beaucoup écrit sur Cérès Franco, et j’aurais pu me contenter de tous ces textes pour évoquer l’essentiel des actions qu’elle a menées ces cinquante dernières années. J’ai voulu, par envie et curiosité, sans doute déjà séduit par son charisme, avoir un long entretien avec elle pour essayer de comprendre ce qui l’avait motivée à constituer cette collection insolite et riche. Son nom résonne avec la mythologie, et je ne suis pas le premier à y faire allusion, mais comment se priver devant une moisson de tant de talents découverts et reconnus par le public. Cette cuvée d’artistes souvent autodidactes, aux oeuvres dérangeantes, qui s’expriment directement, du plus profond d’eux-mêmes, projetant leur imaginaire sur la toile, leur nudité sans fard et à contre-courant des modes, révèle leur audace et une rare autodidacte.

Elle est la déesse-prêtresse. Animée très tôt par une soif de connaissances et une passion pour les arts, elle a aussi été animée par le désir d’une vie ouverte sur le monde : la quête de l’aventure. C’est en effet une belle aventure menée sans l’appui d’une fortune personnelle, avec une énergie et une conviction infaillibles.
Son regard et son esprit vif lui donnent une jeunesse éternelle, qu’importe l’état civil, la passion est toujours là, intacte. Ce regard direct est à la fois accueillant et déterminé tout en étant pétillant et espiègle ou parfois flétrissant et persistant. Il peut parler pendant des heures des nombreux artistes qu’il a trouvés, découverts, exposés et pas seulement : son appartement spacieux de la rue Quincampoix dans un vieil immeuble du 17ème siècle était un lieu de passage avec « frigo ouvert » fréquenté par les peintres, les poètes, l’art amateurs et collectionneurs.

Dans ce lieu de discussions passionnées, bouillonnant de créativité, ce lieu de refuge et à la fois festif, elle joue tous les rôles, anime un espace de liberté, est une référence et est aussi la « Mama » et ce n’est pas toujours facile. Quand il évoque cette époque, il montre des photos, cette mer de souvenirs lui rougit les joues, son regard brille : la richesse humaine de ces instants ne peut nous échapper. Si les révélations successives, Van Gogh (elle avait dix-huit ans), les expressionnistes allemands puis le mouvement CoBrA expliquent la sélection, elle ira encore plus loin avec une approche personnelle, pertinente, sans se soucier des modes, avec une énergie vitale constante. Sa ténacité et son caractère reconnu ont nourri sa passion pour finalement constituer une collection unique et singulière, qui n’est pas liée à d’autres critères que ses intuitions. Ce parcours exemplaire mène à cette collection si intimement liée à sa vie, qui est sa vie.
Avant de dire au revoir, elle dit « Mon pays, c’est l’art ».

Texte de Jacques Brillaud (2013)

Affiche de l'exposition "Coups de cœur, coups de gueule" au Grand Presbytère.

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