Jean-Pierre BATRET

L’oeuvre de Priscille Deborah s’inscrit dans le pro
longement de Bacon, de Rebeyrolles ou de de Koo
ning mais s’inspire aussi des expressionnistes con
temporains comme Lydie Arickx ou Solly Cissé.
Après une opération et une longue rééducation, elle
est la 1ère française à expérimenter une prothèse de
bras bionique guidée par sa pensée.
À 48 ans, Priscille Deborah, artiste reconnue et auto
didacte, est la première peintre française bionique.
Amputée de trois membres, elle peint ses toiles à son
rythme, depuis le Tarn, où elle vit. “Je peins depuis
mon fauteuil roulant manuel qui est comme le pro
longement de mon corps et qui me permet d’avan
« Il n’arrive jamais de grands évènements in
térieurs à ceux qui n’ont rien fait pour les ap
peler à eux ;
et cependant, le moindre accident de la vie
porte en lui la semence d’un grand évènement
intérieur. »
Maurice Maeterlinck
cer, de reculer de manière fluide par rapport à ma
toile”, nous explique-t-elle lors d’un entretien.
Les mouvements de la prothèse de son bras droit
sont guidés par la pensée de son cerveau. Son expé
rience lui a inspiré deux livres : La Peine d’être vé
cue, en 2015 et en 2021, Une vie à inventer :
l’incroyable leçon de vie de la première Française
bionique.
Grâce à la peinture et aux moyens qu’elle offre, elle a
pu se diversifier : huile, acrylique, encre, pastel…
Son style s’oriente plus particulièrement vers l’art
figuratif, “singulier et expressionniste”. Son inten
tion artistique est de représenter “l’humain sous
toutes ses formes”, qu’il soit “mi-homme mi-animal,
sous toutes ses émotions, seul, mais aussi à plu
sieurs”, et de “travailler sur le mystère de l’esprit hu
main et sur ses origines”.
Son inspiration peut surgir de tout moment, d’un
lieu, d’un spectacle, d’un·e modèle vivant·e, d’une
photographie “mise à l’envers”, d’une danse, de tout
mouvement. Pour Priscille Deborah, le plus difficile
est de savoir quand arrêter un tableau.